jeudi 21 février 2008

LE VIOL ET L'AVORTEMENT : QUESTIONS...

La réflexion suivante sur le viol est un résumé de plusieurs articles disponible sur le site internet www.perso.infonie.be/le.feu . Le sujet est traité sous forme de questions :
Préparation: Suzanne Daniel
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1. L’avortement ne se justifie-t-il pas en cas de viol?
Remédie-t-on à une injustice grave en commettant une injustice plus grave encore?
La femme violée doit être mieux défendue par le pouvoir judiciaire, qui doit dissuader les candidats violeurs. D'autre part, l'avortement induit un comportement peu respectueux de la femme et par là conduit à banaliser le viol (
1*).

2. Des situations exceptionnelles, comme le sida en Afrique, ou les viols en ex-Yougoslavie, ne justifient-elles pas des mesures exceptionnelles?
Il en va en matière de viol un peu comme en matière de sida. La lutte contre le sida, avec sa publicité tous azimuts pour le préservatif, sert d'autres causes que celle de la santé1. Le malade du sida est parfois considéré moins comme une personne ayant besoin d'être soignée que comme un être dont d'autres se servent pour livrer une autre bataille. L'enjeu de cette bataille, c'est le dévergondage massif d'une jeunesse dont on abuse physiquement et psychologiquement; c'est la transformation du monde en un immense lupanar.
De même pour le viol. Ainsi qu'on l'a vu récemment à l'occasion des viols commis en ancienne Yougoslavie, la lutte contre le viol sert d'autres causes que celle des femmes violées. Les victimes du viol sont moins considérées comme des personnes qui doivent être
aidées que comme des êtres dont on se sert pour forcer la banalisation de l'avortement.
Dans les deux cas, fait-on valoir, "on n'a pas le choix" : ici, il y a "situation de détresse" ; là "situation d'urgence". La liberté - assure-t-on - n'a plus de place : il faut s'incliner devant les pourcentages et devant les situations. Ces situations sont tellement contraignantes que tout devient soudainement permis.


3. Face au nombre de viols, la possibilité d'avorter est une sécurité pour la femme.
En 1990, il y a eu cent mille viols aux États-Unis. Cela représente 6 % d'augmentation par rapport à l'année précédente, et 12 viols à l'heure… La libéralisation de l'avortement crée une mentalité de violence où le plus fort a le droit pour lui, et où le plus faible ne peut pas résister au plus fort. Par là, elle conduit à banaliser le viol. C'est pourquoi, d'une façon générale, cette libéralisation tend inévitablement à exposer davantage encore les femmes à l'emprise des hommes principaux bénéficiaires de ces législations.
(2*)
On peut aussi citer l'histoire d'une jeune femme, arrivée en Belgique sans grands moyens. Avant de quitter son pays natal, elle avait été violée. Elle s'est trouvée enceinte et a décidé de garder l'enfant. Le violeur court toujours. Or plusieurs années après, cette femme a rencontré l'homme de sa vie; elle s'est mariée et son mari a même reconnu l'enfant dont il n'était pourtant pas le père. Depuis, ce couple heureux a eu plusieurs enfants…

4. Ne peut-on observer qu'une des causes fréquentes de l'avortement, c'est que le père ne veut pas assumer ses responsabilités vis-à-vis de l'enfant?
Ce fait met en relief une certaine lâcheté masculine,
(3*) et la complaisance discriminatoire de la loi vis-à-vis des hommes. Du reste, plus généralement, une des causes fréquentes de l'avortement, c'est que le père ne veut pas assumer ses responsabilités vis-à-vis de l'enfant.
Est-ce une raison pour encourager les femmes à avorter ? La loi, qui doit protéger l'enfant, doit également protéger sa mère et toute femme. Les femmes en difficulté
(4*) n'attendent pas qu'on supprime leur enfant, mais qu'on les aide. Par notre attitude d'accueil, nous pouvons contribuer à faire de toute maternité une source de grande joie.

5. Le droit d'avorter, le droit pour les femmes de disposer librement de leur corps n'est-il pas une revendication essentielle du féminisme?
Le comble du "machisme", c'est que les hommes fassent main basse sur l'intelligence et la volonté des femmes en amenant celles-ci à devenir un objet de consommation sexuelle.
(5*)
Ce même "machisme" intériorisé par les femmes incline du reste celles-ci à désirer leur "hormonisation", leur mutilation voire leur "dématernisation", c'est-à-dire la neutralisation de leur inclination maternelle. Déjà, dans certains milieux, il en va pour la stérilisation comme il en va, dans plusieurs pays d'Afrique ou du Moyen-Orient, pour l'excision : les femmes qui sont stérilisées finissent par montrer du doigt celles qui ne le sont pas!

6. La libéralisation de l'avortement ne doit-elle pas être considérée comme une étape importante dans la longue marche des femmes vers leur libération ?
a) Avec les enfants non nés, les grandes victimes de l'avortement sont les femmes, meurtries dans leur corps et dans leur âme; les grands bénéficiaires des avortements, ce sont les hommes et ceux qui tirent un profit financier ou autre de ces opérations. La revendication de l'avortement libéralisé, voire libre sans plus, met dramatiquement en lumière les tendances phallocratiques de notre société.
(6*)
b) Cette revendication montre une fois de plus que des femmes peuvent se rendre complices objectives des hommes qui s'ingénient à les exploiter. C'est en effet par un affreux paradoxe que des femmes s'associent à cette revendication. Ce sont en effet des hommes qui, insidieusement, mettent en avant de prétendus «droits» de la femme, alors qu'ils visent, eux, à maintenir sur celle-ci leur insouciante domination.

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