jeudi 24 avril 2008

APARECIDA. DISCIPLE ET MISSIONNAIRE, EN FAMILLE.

FAMILLE, PERSONNES ET VIE

431. Nous ne pouvons nous arrêter ici à analyser toutes les questions qui intègrent l’activité pastorale de l’Église, ni nous ne pouvons proposer des projets achevés ou des lignes d’action exhaustives. Nous nous arrêterons, seulement, à mentionner quelques questions qui ont atteint une importance particulière, ces derniers temps, pour que dans l’avenir, les Conférences Episcopales et les autres organismes locaux avancent dans des propositions plus importantes, plus concrètes et plus adaptées aux nécessités de leur propre territoire.

9.1 Le mariage et la famille

432. La famille est un des trésors les plus importants des peuples latino-américains et caribéens, et c’est un patrimoine de l’humanité entière. Dans nos pays, une part importante de la population est victime de difficiles conditions de vie qui menacent directement l’institution familiale. En tant que disciples et missionnaires de Jésus-Christ, nous sommes appelés à travailler pour que cette situation soit transformée et que la famille assume sa réalité et sa mission dans le cadre de la société et de l’Église.

433. La famille chrétienne est basée sur le sacrement du mariage entre un homme et une femme, signe de l’amour de Dieu pour l’humanité et du don du Christ pour son épouse, l’Église. Depuis cette alliance d’amour, se réalisent la paternité et la maternité, la filiation et la fraternité, et l’engagement des deux pour une société meilleure.

434. Nous croyons que « la famille est à l’image de Dieu qui dans son mystère le plus intime n’est pas une solitude, mais une famille ». Dans la communion d’amour des trois Personnes divines, nos familles ont leur origine, leur modèle parfait, leur motivation la plus belle et leur destin ultime.

435. Vu que la famille est la valeur la plus chère à nos peuples, nous croyons qu’ il faut s’en préoccuper comme de l’un des axes transversaux de toute l’action évangélisatrice de l’Église. Dans chaque diocèse, il est nécessaire qu’il y ait une pastorale familiale « intense et vigoureuse », pour proclamer l’évangile de la famille, promouvoir la culture de la vie et travailler pour que les droits des familles soient reconnus et respectés.

436. Nous espérons que les législateurs, les gouvernants et les professionnels de la santé, conscients de la dignité de la vie humaine et de l’enracinement de la famille dans nos peuples, la défendent et la protègent contre les crimes abominables de l’avortement et de l’euthanasie ; c’est leur responsabilité. Pour cela, devant des lois et des dispositions gouvernementales qui sont injustes à la lumière de la foi et de la raison, on doit favoriser l’objection de conscience. Nous devons nous tenir à la « cohérence eucharistique », c’est à dire, être conscients que l’on ne peut pas recevoir la communion sacrée et au même moment, agir en actes et en paroles contre les commandements, en particulier quand on soutient l’avortement, l’euthanasie et d’autres délits graves contre la vie et la famille. Cette responsabilité pèse de manière particulière sur les législateurs, les gouvernants et les professionnels de la santé.

437. Pour soutenir et appuyer la famille, la pastorale familiale peut impulser entre autres, les actions suivantes :

a) Engager d’une manière intégrale et organique les autres pastorales, les mouvements et les associations matrimoniales et familiales en faveur des familles.
b) Appuyer des projets qui fassent en sorte que les familles soient évangélisées, et évangélisatrices.
c) Renouveler la préparation, éloignée et proche, pour le sacrement du mariage et la vie familiale avec des itinéraires pédagogiques de foi.
d) Promouvoir, en dialogue avec les gouvernements et la société, des politiques et des lois en faveur de la vie, du mariage et de la famille.
e) Appuyer et promouvoir l’éducation intégrale des membres de la famille, spécialement de ceux qui sont dans des situations difficiles, en incluant la dimension de l’amour et de la sexualité.
f) Appuyer des centres paroissiaux et diocésains avec une pastorale de soutien intégral à la famille, spécialement en faveur des personnes qui sont dans des situations difficiles : les mères adolescentes et célibataires, les veufs et les veufs, les personnes du troisième âge, les enfants abandonnés, etc.
g) Établir des programmes de formation, de soutien et d’accompagnement pour la paternité et la maternité responsables.
h) Étudier les causes des crises familiales
pour les affronter dans toutes leurs dimensions.
i) Continuer à offrir une formation permanente, doctrinale et pédagogique pour les agents de la pastorale familiale.
j) Accompagner avec soin, prudence et amour solidaire, en suivant les orientations du magistère, les couples qui vivent en situation irrégulière, en tenant présent à l’esprit que les divorcés remariés n’ont pas le droit de communier. Il faut des médiations pour que le message du salut arrive à tous. Il est urgent d’appuyer des actions ecclésiales, avec un travail interdisciplinaire de théologie et des sciences humaines qui illumine la pastorale et la préparation d’agents spécialisés pour l’accompagnement de ces frères.
k) Devant les demandes de nullité de mariage, il faut faire en sorte que les tribunaux ecclésiastiques soient accessibles et aient une action correcte et rapide.
l) Aider à créer des possibilités pour que les enfants, garçons et filles, orphelins et abandonnés, arrivent, grâce à la charité chrétienne, à des conditions d’accueil et d’adoption et puissent vivre en famille.
m) Organiser des maisons d’accueil et un accompagnement spécifique pour s’occuper avec affection et solidarité des petites filles et adolescentes enceintes, des mères « célibataires », des familles monoparentales.
n) Avoir présent que la Parole de Dieu, tant dans l’Ancien que dans le Nouveau Testament, nous demande un soin particulier envers les veuves. Chercher la manière pour qu’elles reçoivent une pastorale qui les aide à affronter cette situation, souvent de découragement et de solitude.

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SOURCE :
Ve CONFÉRENCE GÉNÉRALEDE L’ÉPISCOPAT LATINOAMÉRICAIN
ET DES CARAÏBES
Disciples et missionnaires de Jésus-Christ
pour que nos peuples aient la vie en Lui.

« Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie » (Jn 16,4)

DOCUMENT FINAL
Aparecida, 13-31 mai 2007

dimanche 20 avril 2008

INDEX DE TOUS LE ARTICLES DE CE BLOG.

UNE ÉTUDE AMÉRICAINE SUR "LE PAPE ET LA FAMILLE".
Le Pape parle en faveur des Familles aux USA !
Pélerinage de Couple, Voyage de Noce !
'GENDER' / GENRE ET FAMILLE

MARS
LE PAPE PARLE POUR LES JEUNES D'HAÏTI :
LE PAPE BENOÎT XVI , POUR LES FAMILLES D'HAÏTI
MAUVAISE CUISINE POUR LES FAMILLES
Une tactique éprouvée : la célèbre technique du salami.
Article plus complet sur :
www.yotedinou-mwendinou.blogspot.com sous l'article : LE TERRORISME À VISAGE HUMAIN.
FEVRIER
LE DROIT A L'AVORTEMENT VIENT DE LOIN : RÉPONSES À QUELQUES QUESTIONS !
QUESTIONS SUR LE "DROIT À L'AVORTEMENT" ?
AVORTEMENT / RESPONSABILITÉ !
LE VIOL ET L'AVORTEMENT : QUESTIONS...
L'AVORTEMENT MENACE POUR LA PAIX DU MONDE
CHAPELET POUR LA VIE
L'HOMME ET L'AVORTEMENT.
L'avortement, un droit à questionner
L'AVORTEMENT EST TOUJOURS UN DRAME

JANVIER 2008
Prière: HYMNE DE LA FAMILLE
L’AVORTEMENT est-il la bonne solution ?
UNE FAMILLE, comme une maison, ÇA SE BÂTIT !
SIDA ET FAMILLE !
Suspendre les avortements et réfléchir.
VICTOIRE POUR LA VIE

DECEMBRE 2007
LA PASTORALE DE LA FAMILLE ET DE LA VIE VOUS SOUHAITE
FAMILLE HUMAINE, COMMUNAUTÉ DE PAIX
SLOGANS POUR LA VIE
Quelques regards et réflexions pour Haiti et ses familles:
Une première présentation DU BLOG

UNE ÉTUDE AMÉRICAINE SUR "LE PAPE ET LA FAMILLE".

Le pape fait le lien entre:
- le respect pour le mariage
- et la paix mondiale
Révélation d’une étude américaine


ROME, Jeudi 17 avril 2008 (ZENIT.org) - Une nouvelle analyse révèle un tournant quelque peu insolite pris par Benoît XVI concernant les moyens à mettre en œuvre pour mettre fin aux conflits mondiaux : le pape affirme que l'aspiration à la paix passe par le respect du mariage.


Un ouvrage intitulé Pope Benedict XVI on Marriage: A Compendium (« Le pape Benoît XVI sur le mariage : un Compendium ») a été publié par l'Institut pour le mariage et les politiques publiques (Virginie, USA) à la veille de son voyage aux Etats-Unis.
Cette étude explique que, durant ses trois premières années de pontificat, Benoît XVI a parlé publiquement 111 fois de mariage, rattachant cette question à des thèmes comme les droits de l'homme, la paix mondiale et le dialogue entre foi et raison.
Maggie Gallagher, présidente de l'Institut pour le mariage et les politiques publiques, affirme que « le pape n'a cessé de dire, de façon très claire, que le débat sur le mariage et la famille est une question centrale et non secondaire, pour comprendre la personne humaine et défendre notre dignité humaine ».


L'analyse rappelle les propos prononcés par le pape à différentes occasions, par exemple en recevant les lettres de créances de la nouvelle ambassadrice des Etats-Unis près le Saint-Siège, et son message pour la Journée Mondiale de la Paix de cette année.
Elle rapporte en outre les propos que Benoît XVI a tenus en recevant des hommes politiques le 21 septembre 2007. Il disait : « Certains estiment que la raison humaine est incapable de saisir la vérité et par conséquent de poursuivre le bien correspondant à la dignité de la personne. Et puis il y a ceux qui estiment que la suppression de la vie humaine dans sa phase prénatale ou terminale est légitime ».


Le pape, dans ce discours, jugeait par ailleurs tout aussi « préoccupante la crise de la famille, cellule fondamentale de la société fondée sur le mariage indissoluble d'un homme et d'une femme ».
« L'expérience montre que lorsque la vérité de l'homme est bafouée, lorsque la famille est minée dans son fondement, la paix elle-même est menacée, le droit risque d'être compromis et comme conséquence logique, on va à la rencontre d'injustices et de violences », affirmait encore Benoît XVI dans ce discours.
L'Institut a reconnu que présenter le mariage comme une condition nécessaire pour la paix mondiale « peut sembler étrange pour un Américain ».


« Le bref pontificat de Benoît XVI, estime Maggie Gallagher, est déjà un reproche à ces voix de notre temps qui veulent que nous ayons honte ou que soyons gênés de cette attention que nous accordons au mariage et aux questions sexuelles, qui veulent que nous abordions le débat contemporain sur le mariage comme une simple distraction qui nous détourne de questions plus importantes ».


Pour le pape, a-t-elle souligné, « il y a un lien très clair entre la vie, le mariage, la personne humaine dans la famille humaine, et les grandes questions internationales, comme la paix et les droits l'homme, que notre époque est appelée à affronter ».

vendredi 18 avril 2008

Le Pape parle en faveur des Familles aux USA !

La crise mondiale touches bien des valeurs. La Famille est partout dans le monde mise en danger. Même si le discours est en premier lieu adressé aux évêques américains, il nous concerne partout dans le monde, et aussi en Haïti. Trouvez là source d'encouragement et de fisdélité dans votre mission
présentation : Suzanne Daniel
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En la basilique de l’Immaculée Conception, à Washington.

ROME, Jeudi 17 avril 2008 (ZENIT.org) - Pour que l'apostolat « puisse porter des fruits abondants », il faut « une sage direction », recommande Benoît XVI aux évêques des Etats-Unis. Il leur recommande de « promouvoir le bien intégral de la personne », et pour cela, de promouvoir le renouvellement « dans le Christ notre espérance ». Il les invite à être « proches » de leurs prêtres.
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On ne doit pas tenir pour acquis que tous les citoyens catholiques pensent selon l'enseignement de l'Eglise à propos des questions éthiques fondamentales d'aujourd'hui. Encore une fois, votre devoir est de faire en sorte que la formation morale offerte à chaque niveau de la vie ecclésiale reflète l'authentique enseignement de l'Evangile de la vie.

A ce propos, un thème profondément préoccupant pour nous tous est la situation de la famille au sein de la société. Il est vrai que le cardinal George a tout d'abord rappelé que vous avez placé le renforcement du mariage et de la vie familiale parmi vos priorités pour les prochaines années. Dans le Message de cette année pour la Journée mondiale de la paix, j'ai parlé de la contribution essentielle qu'une vie familiale saine offre à la paix dans et entre les nations. Dans la maison familiale, nous vivons l'expérience « de certaines composantes fondamentales de la paix : la justice et l'amour entre frères et sœurs, la fonction d'autorité manifestée par les parents, le service affectueux envers les membres les plus faibles parce que petits, malades ou âgés, l'aide mutuelle devant les nécessités de la vie, la disponibilité à accueillir l'autre et, si nécessaire, à lui pardonner » (n. 3).
La famille est, en outre, le lieu primordial de l'évangélisation, dans la transmission de la foi, dans l'aide aux jeunes à apprécier l'importance de la pratique religieuse et de l'observance du dimanche.
Comment ne pas être déconcertés en observant le rapide déclin de la famille en tant qu'élément fondamental de l'Eglise et de la société ? Le divorce et l'infidélité sont en augmentation, et de nombreux jeunes hommes et femmes choisissent de retarder le mariage ou même de l'ignorer complètement. Pour certains jeunes catholiques le lien sacramentel du mariage apparaît peu différent d'un lien civil, ou bien il est carrément perçu comme un simple accord pour vivre avec une autre personne de manière informelle et sans stabilité.
En conséquence, on constate une diminution alarmante des mariages catholiques aux Etats-Unis, ainsi qu'une augmentation des cohabitations, dans lesquelles le don réciproque des époux à la manière du Christ, à travers le sceau d'une promesse publique de vivre les exigences d'un engagement indissoluble pendant toute l'existence, est simplement absent. Dans ces circonstances, on nie aux enfants le milieu sûr dont ils ont besoin pour grandir comme des êtres humains, et on nie également à la société ces piliers stables qui sont nécessaires, si l'on veut conserver la cohésion et le centre moral de la communauté.

Comme mon prédécesseur, le pape Jean-Paul II, l'enseignait : « Le premier responsable de la pastorale familiale dans le diocèse est l'évêque... il doit lui consacrer intérêt, sollicitude, temps, personnel, ressources : mais par-dessus tout, il doit apporter un appui personnel aux familles et à tous ceux qui... l'assistent dans la pastorale de la famille » (Familiaris consortio, n. 73). Votre tâche est de proclamer avec force les arguments de foi et de raison qui parlent de l'institution du mariage, compris comme engagement pour la vie entre un homme et une femme, ouvert à la transmission de la vie. Ce message devrait retentir au milieu des personnes d'aujourd'hui, car il est essentiellement un « oui » inconditionné et sans réserve à la vie, un « oui » à l'amour et un « oui » aux aspirations du cœur dans notre humanité commune, alors que nous nous efforçons de mener à bien notre profond désir d'intimité avec les autres et avec le Seigneur.

Parmi les signes contraires à l'Evangile de la vie que l'on peut trouver en Amérique, mais également ailleurs, il y en a un qui cause une profonde honte : l'abus sexuel des mineurs. Beaucoup d'entre vous m'ont parlé de l'immense douleur que vos communautés ont ressenti quand des hommes d'Eglise ont trahi leurs obligations et leurs devoirs sacerdotaux avec un tel comportement gravement immoral. Alors que vous cherchez à éliminer ce mal partout où il se trouve, soyez assurés du soutien priant du Peuple de Dieu dans le monde entier. Vous donnez à juste titre la priorité à la manifestation de compassion et de soutien aux victimes : c'est une responsabilité qui vous vient de Dieu, en tant que pasteurs, qui est celle de panser les blessures causées par chaque violation de la confiance, de favoriser la guérison, de promouvoir la réconciliation et d'aller à la rencontre de ceux qui ont été aussi gravement blessés, avec une sollicitude pleine d'amour.

La réponse à une telle situation n'a pas été facile et, comme l'a indiqué le président de votre Conférence épiscopale, elle a « parfois été très mal gérée ». Maintenant que la dimension et la gravité du problème sont plus clairement comprises, vous avez pu adopter des mesures disciplinaires et des remèdes plus adaptés et promouvoir un milieu sûr qui offre une plus grande protection aux jeunes. Alors que l'on doit se rappeler que la plus grande majorité des prêtres et des religieux en Amérique accomplissent un excellent travail en apportant le message libérateur de l'Evangile aux personnes confiées à leurs soins pastoraux, il est d'une importance vitale que les sujets vulnérables soient toujours protégés de ceux qui pourraient les blesser. A ce propos, vos efforts pour soulager et protéger portent de nombreux fruits non seulement à l'égard de ceux qui sont directement placés sous votre attention pastorale, mais également de la société tout entière.
Toutefois, si nous voulons qu'elles atteignent pleinement leur but, il faut que les mesures et les stratégies que vous avez adoptées soient placées dans un contexte plus large. Les enfants ont le droit de grandir avec une saine compréhension de la sexualité et du rôle qui lui est propre dans les relations humaines. On devrait leur épargner les manifestations dégradantes et la manipulation vulgaire de la sexualité aujourd'hui si dominante ; ils ont le droit d'être éduqués dans les authentiques valeurs morales enracinées dans la dignité de la personne humaine. Cela nous ramène à la considération sur la place centrale de la famille et sur la nécessité de promouvoir l'Evangile de la vie. Que signifie parler de la protection des enfants lorsque la pornographie et la violence peuvent être regardées dans de si nombreuses maisons à travers les mass media largement disponibles aujourd'hui ? Nous devons réaffirmer de toute urgence les valeurs qui soutiennent la société, de manière à offrir aux jeunes et aux adultes une solide formation morale. Tous ont un rôle à jouer dans cette tâche, non seulement les parents, les guides religieux, les enseignants et les catéchistes, mais également l'information et l'industrie du spectacle. Oui, chaque membre de la société peut contribuer à ce renouveau moral et en tirer profit. Prendre vraiment soin des jeunes et de l'avenir de notre civilisation signifie reconnaître notre responsabilité de promouvoir et de vivre les valeurs morales authentiques qui sont les seules à rendre la personne humaine capable de se développer. Votre tâche de pasteurs qui ont comme modèle le Christ, Bon Pasteur, est de proclamer de manière forte et claire ce message et donc d'affronter le péché de l'abus dans le contexte plus vaste des comportements sexuels. En outre, en reconnaissant le problème et en l'affrontant lorsqu'il a lieu dans un contexte ecclésial, vous pouvez offrir une orientation aux autres, étant donné que cette plaie ne se trouve pas seulement au sein de vos diocèses, mais dans tous les secteurs de la société. Elle exige une réponse déterminée et collective.

dimanche 13 avril 2008

Pélerinage de Couple, Voyage de Noce !

Nous mettons ce témoignage en souhaitant que vous vous "souveniez de votre voyage de noce" et des leçons que vous avez reçues providentiellement...
Que la lecture du TÉMOIGNAGE cidessous vous soit source de partage et de bonheur, en couple et en famille
Car votre mission est extraordinaire dans l'aujourd'hui de notre monde....
présentation : Suzanne Daniel
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5788 km à pied : Vivre la pauvreté c’est accepter d’avoir besoin des autres (I)
Entretien avec Edouard et Mathilde Cortès

ROME, Mercredi 9 avril 2008 (ZENIT.org) - « Nous avons choisi de nous abandonner totalement dans les mains des hommes et de Dieu pour élargir notre cœur. Pauvres, nous le sommes devenus parce que nous attendions tout des autres ». Après un pèlerinage à pied de près de 6000 kilomètres, de Paris à Jérusalem, Edouard et Mathilde Cortès sont de retour. Ils expliquent pourquoi ils ont choisi de faire ce pèlerinage et comment ils l'ont vécu.
Zenit - La décision de faire ce pèlerinage en mendiants a profondément interpellé les gens. Elle était un peu vu comme « une folie ». Avez-vous regretté cette décision ?
E. et M. Cortès
- Nous sommes partis à pied, sans argent, sans téléphone portable, en mendiant notre nourriture et un toit pour dormir. C'est fou, surtout dans une société où on prône la sécurité maximale, prise de risque minimale. Nous avions de petites besaces de 4 kilos pour Mathilde et 7 pour Edouard. Nous avons tout lâché (appartement, boulots, comptes en banque...), quitté nos familles et nos amis une semaine après notre mariage. Nous avons voulu nous dépouiller du surplus matériel dans lequel nous vivons. Même notre carte bancaire. Nous avons choisi de nous abandonner totalement dans les mains des hommes et de Dieu pour élargir notre cœur. Pauvres, nous le sommes devenus parce que nous attendions tout des autres.
En sept mois et demi nous avons vécu avec peu mais n'avons manqué de rien. Se faire pauvre, devenir pauvre, ce n'est pas un jeu. C'est une urgence dans notre société où le matérialisme est un cancer des cœurs. C'est une nécessité si on veut aller vers l'autre. Nous étions en position de demandeurs. Nous avons reçu des Hommes. 103 accueils pour la nuit dans des maisons. Plus de 250 repas reçus dans des familles. Notre survie a tenu à un seul mot : la CONFIANCE.
Bien sûr, nous avons aussi eu faim. Nous avons souvent dormi dehors, 82 bivouacs en pleine nature ou dans des lieux abandonnés. Plus que le pain, nous avons mendié ce qu'il y a dans le cœur des hommes.

Zenit - Pouvez-vous nous décrire l'un des plus moments les plus durs de ce pèlerinage ? Et l'un des plus beaux ?
E. et M. Cortès - 232 jours, 5788 km, parsemés de joies et d'épreuves, 14 pays traversés, des centaines de personnes croisées cela veut dire une multitude de beaux moments et une myriade de difficultés.
Le plus dur pour nous n'a pas été d'avoir faim ou froid mais d'être rejetés. Par exemple par un prêtre catholique en Croatie qui n'a pas voulu venir nous voir et nous parler mais qui, par personne interposée, nous a envoyés dormir loin de son église. Nous ne faisions pas très « propre » sans doute, installés pour dormir devant le porche de la maison de Dieu. Un autre moment dur : en Syrie, suspectés par les services de renseignements, pris pour ce qu'on n'était pas, suivis en permanence, interrogés tous les jours et de ce fait en semi-liberté et en proie à la paranoïa. Le plus difficile a été d'avoir peur des hommes. Vaincre ses peurs, voilà le vrai défi. Pour cette marche, pour la vie. Il a alors fallu apprendre à redonner sa confiance et expérimenter que « l'amour parfait chasse la crainte ».
Les beaux moments, c'est de découvrir l'extraordinaire dans le quotidien. Une main qui se tend, une porte qui s'ouvre alors qu'on n'a rien à donner en retour. Particulièrement, ce moment où tu as faim et froid et où sans que tu ne demandes rien à personne, quelqu'un t'invite. Cela nous est arrivé bien des fois, comme ce jour de brouillard au Monténégro après le passage d'un col, où nous avons été accueillis à déjeuner par une famille qui était en train de faire des confitures. Nous sommes repartis avec 5 kilos de pommes de terre dans les sacs. Mais notre joie pesait plus encore.
Ou bien le souvenir de Marta, une petite fille serbe de 6 ans, qui nous a offert son unique jouet : « Tenez, ce sera pour votre premier enfant ». Ou encore Ender, un riche diamantaire en Turquie, musulman pratiquant, qui a lavé nos habits après 8 jours de marche.

Zenit - Avez-vous parfois eu envie d'abandonner ? A quels moments ? Qu'est-ce qui vous a aidé à tenir ?
E. et M. Cortès
- A plusieurs reprises nous avons voulu arrêter notre marche. Les moments de découragement sont venus systématiquement après un coup dur : des disputes au sein du couple, des rejets, une agression en Turquie, la neige ou la pluie incessante, des pressions psychologiques des services de renseignements syriens, les jets de pierres et les insultes d'enfants au Proche Orient, l'expulsion à deux reprises par les douaniers israéliens.
Mais notre force a été d'être à deux. Rarement le découragement est venu ensemble. Il y en avait toujours un pour porter l'autre. Et quand nous avons flanché tous les deux, Lui était là, pour porter notre couple.

Zenit - Quelles « leçons de vie » tirez-vous de cette longue marche ? Tout d'abord sur le plan humain. Qu'avez-vous appris à travers les innombrables rencontres que vous avez faites ?
E. et M. Cortès -
Cette route a été pour nous image de la vie. Car qu'on le veuille ou non, nous sommes en route et il faut marcher. Malgré la pluie, le vent, le soleil qui brûle, les cailloux du chemin... Avancer, malgré les obstacles et les fatigues. Avancer « au large », vers son idéal. Idéal qu'à l'image de la ligne d'horizon on n'atteindra pas, sur cette terre. Toute vie humaine est aventure. Nous en prenons ses risques puisqu'en dépend une éternité.
Ce fut un voyage de noces pour le meilleur et pour le pire. Nous avons vu des hommes, au cœur dur et fermé. Nous avons vu l'emprise du mal et de l'injustice. Et pour la première fois de manière si vive, nous l'avons senti et expérimenté dans nos cœurs et nos chairs.
Il y a des hommes au grand cœur. On en croise peu, car ils sont souvent discrets ou cachés. Ils ne parlent pas de charité, ils la vivent. Avec eux, une vraie rencontre est possible, entre celui qui accueille et celui qui reçoit. La joie est alors partagée. Une harmonie se dégage, et la langue qui nous faisait barrière, ne sert plus. On est dans un cœur à cœur où le pauvre est aussi heureux que celui qui donne. Comme si l'hospitalité qu'ils pratiquaient nous humanisait et eux avec. Comme si ce qu'ils donnaient gratuitement les transcendait et nous avec.
Nous nous sommes mis à l'école de la simplicité : prendre le temps comme il vient, les gens comme ils sont. Pendant 7 mois et demi, nous avons porté les mêmes vêtements, mangé ce qu'on nous donnait, bu avec la même soif de l'eau, de l'alcool, du café, du thé. Tel des métronomes de la route, nous avons vécu au tic tac du cœur, laissant la vitesse et le temps à ceux dont la vie est une course.
Enfin, nous avons fait l'expérience de l'effort et du sacrifice. Nous avons dépassé bien souvent nos limites. Physiquement, psychologiquement, quand on est à bout, ou quand on croit l'être, il y a toujours une part de possible dans l'Homme. Cela nous invite à l'Espérance. L'ascèse n'est pas à la mode. Peu importe, nous l'avons vécue tous les jours. Les hédonistes grimaceront, mais nous avons découvert la joie profonde qu'il y a à se dépenser pour plus grand que soi. Un chemin de croix que l'on accepte est un chemin de joie.
Zenit - Et sur le plan spirituel. Vous êtes partis dans un esprit d'abandon total à Dieu. Avez-vous le sentiment qu'il vous a accompagnés, et que vous le connaissez mieux aujourd'hui ? Pouvez-vous nous donner des exemples concrets.
[Fin de la première partie]

Nous publions ci-dessous la deuxième partie de cet entretien.

Zenit - Et sur le plan spirituel. Vous êtes partis dans un esprit d'abandon total à Dieu. Avez-vous le sentiment qu'il vous a accompagnés, et que vous le connaissez mieux aujourd'hui ? Pouvez-vous nous donner des exemples concrets.
E. et M. Cortès - Pas à pas, nous avons expérimenté que l'Homme ne vit pas seulement de pain, qu'il n'est pas qu'un être de chair. Cette marche a réveillé en nous une musique intérieure, le chant de l'âme. Jour après jour, nous avons fait jaillir une autre richesse, celle de la foi. Avec Jésus, nos pieds ruminaient « Là où est ton trésor, là est ton cœur ».
Nous avons découvert la force de la prière du pauvre : celle d'un enfant qui crie sa détresse, sa colère à son père en attendant tout de lui. « Donne-nous aujourd'hui notre pain quotidien... ». La prière du pauvre, de l'enfant qui dit « Merci Papa » pour cette personne rencontrée, pour ces figues trouvées au bord du chemin, pour l'ombre d'un arbre à l'heure de la pause, pour ce feu qui réchauffe au lieu de bivouac... Pérégriner, c'est apprendre à reconnaître la présence divine dans nos vies.
Nous prenions chaque jour le chapelet, la main de la Vierge Marie. Au fil des Pater et des Ave, glissait une intention particulière qui nous avait été confiée, notamment celles des lecteurs de Zenit.
Nous avons découvert la méditation des pieds. Les pas, par leur rythme lent, laissent l'esprit vagabonder plus loin que toutes les belles formules. Sans grands discours ni élans mythiques. C'est la prière du cœur. Celle qui écoute avant de parler.
Depuis 2000 ans, cette route vers Jérusalem a été parcourue par des milliers de pèlerins, vagabonds, aventuriers ou « paumiers ». Nous marchions avec eux, n'ayant pas le sentiment d'accomplir un exploit mais de faire partie des moutons qui vont vers leur Berger. Nous avons surtout été portés par la prière et les pensées de nos familles, nos amis, de beaucoup qui marchaient dans leur tête avec nous. C'est une expérience de communion au-delà des kilomètres.
Il nous a fallu apprendre à pardonner à ceux qui nous ont rejetés. Secouer la poussière de ses sandales, non pas dans un geste de dédain mais pour laisser là le mal et les rancoeurs. Ce n'est pas chose facile. La poussière, ça colle.
Le plus beau de cette marche fut d'essayer de s'abandonner à Dieu. En ce domaine, rien n'est jamais acquis. C'est chaque jour, à chaque instant qu'il faut renouveler sa confiance à son conjoint, aux autres, à Dieu. Cette marche était nos premiers pas.

Zenit - Ces mois d'efforts, d'épreuves mais aussi de joie, ont assurément fait mûrir votre relation de couple. Avez-vous l'impression d'avoir appris des choses importantes pour réussir votre vie de couple. Si oui, lesquelles ?
E. et M. Cortès - Nous avons vécu de manière extrême nos premiers mois de mariage : 24h sur 24 ensemble, ce n'est pas ordinaire. Ce voyage a été comme une allégorie de la vie de couple : une expédition au long cours qui demande une bonne dose d'intrépidité, de confiance et de persévérance.
En couple, rien ne résiste à la route, aucun masque. Fatigues, paresses, orgueils,... c'est peine perdue de vouloir les cacher. Impossible de se leurrer, de voir autrui tel qu'on voudrait qu'il soit. Nous avons ainsi pu faire un travail de vérité sur chacun de nous. Et en retour, apprendre à accepter l'autre tel qu'il est. Nous avons surtout appris que l'amour n'est pas qu'un sentiment. Nous vivons aujourd'hui d'un amour que nous voulons construire tous les jours, comme sur la route, dans les larmes ou en chantant.
Croire que l'autre nous comprend naturellement sans paroles est une erreur. Ce qui va sans le dire, va mieux en le disant : il faut communiquer ! Nos réactions face aux événements sont très différentes ce qui implique de toujours prêter attention à l'autre, à ce qu'on reçoit de lui. Ces différences de perception nous ont souvent conduit à nous disputer, fortement parfois, à cause d'incompréhensions. L'occasion d'apprendre à nous demander pardon, de recevoir et accepter le pardon de l'autre.
Les sceptiques chuchotaient à notre départ : « Ils vont se séparer avant d'arriver », « il fallait partir avant le mariage, pour voir si le couple résiste ». Bien au contraire, ce qui nous a fait marcher c'est de nous être engagés à vie. Nous avions un projet commun, celui d'atteindre Jérusalem. Sans projet de couple, on s'endort. Ce qui nous fait progresser, c'est que nous voulons nous aimer. Sans volonté, on finit par se quitter. Ce qui nous fait avancer, c'est notre désir commun de la Jérusalem Céleste. De grands désirs portent à la Vie.

Zenit - Vous envisagez maintenant d'écrire un livre pour raconter cette expérience. Quand prévoyez-vous la sortie de cet ouvrage ?
E. et M. Cortès -
Le livre paraîtra aux éditions XO en octobre 2008 avec notre carnet de route et notre témoignage. Nous rédigeons actuellement cet ouvrage. Pour vous tenir informés, vous pouvez consulter le site :
http://www.enchemin.org
[Pour lire quelques extraits du carnet de route, cf. Zenit des 5, 6, et 7 novembre 2007]

Propos recueillis par Gisèle Plantec

dimanche 6 avril 2008

'GENDER' / GENRE ET FAMILLE

COMME DE NOMBREUX GOUVERNEMENTS, en HAÏTI, le ministère de la Condition féminine et du droit des femmes (MCFDF) essaye de passer des lois sous l'influence de cette théorie Onusienne qu'est le Gender / genre. Présentée comme une évolution / révolution positive qu'en est-il en réalité. L'Église catholique qui connaît ces enseigements dans de nombreux pays du monde à un language de sagesse, d'information à nous transmettre.
Présentation Suzanne Daniel
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Le « gender » est-il une « idéologie » ?
Entretien avec Marguerite A. Peeters
ROME, Dimanche 23 mars 2008 (
ZENIT.org) - Le « gender » est-il une « idéologie » ? Marguerite A. Peeters analyse les tenants et aboutissants dans cet entretien accordé à Zenit.
Marguerite Peeters est belgo-américaine. Elle a récemment évoqué ce thème lors du congrès international organisé à Rome par le conseil pontifical pour les Laïcs, à l'occasion des 20 ans de « Mulieris dignitatem ».
L'auteur est rédactrice en chef de l' « Interactive Information Services » (cf.
iis@skynet.be ), un service d'information spécialisé dans l'étude de la mondialisation, de ses concepts-clefs et de ses mécanismes opérationnels

Zenit - Au congrès qui a marqué les 20 ans de « Mulieris Dignitatem », vous êtes intervenue sur « l'idéologie du gender ». Si beaucoup parlent du gender, peu savent précisément de quoi il s'agit...
Marguerite A. Peeters - Gender se traduit diversement en français : entre autres, par égalité des sexes, égalité des genres, parité, sexospécificité, autonomisation de la femme ou diversité des genres ou des sexes. La multiplicité de ces expressions crée une confusion sémantique qui relève en fait d'une stratégie utilisée pour cacher le véritable sens du gender et éviter les définitions claires. Souvent le mot est utilisé dans sa langue originale, l'anglais. Le gender n'est pas à proprement parler une idéologie, mais un phénomène culturel, un processus subtil de déconstruction culturelle et anthropologique. Il est le fruit d'un long parcours révolutionnaire occidental qui, en particulier depuis la révolution française, a été mu par une conception faussée de l'égalité entre les sexes et une volonté perverse de « libérer » l'individu de tout cadre normatif donné par la nature, la tradition, la révélation et Dieu lui-même. L'objectif du gender est de permettre à chacun de choisir « librement » sa fonction sociale, son identité ou orientation sexuelle, sa « forme de famille ». Le gender considère la vocation de la femme en tant que mère et épouse comme une construction sociale contraire à l'égalité, comme un « stéréotype » à déconstruire. La déconstruction se fait prioritairement par l'éducation des enfants (à l'insu des parents), mais aussi à travers les media, les législations, les politiques, les procédures décisionnelles dites « consensuelles », les « sessions de formation », la propagande tout azimut. La nouvelle culture favorise la promotion des divers droits des lesbiennes, homosexuels, bisexuels et transsexuels. On peut dire que le gender a déjà créé une culture mondiale dans laquelle parler de complémentarité homme-femme est devenu discriminatoire et contraire à l'éthique. Une nouvelle éthique mondiale du « libre choix » ainsi compris menace de remplacer les cultures traditionnelles non-occidentales et l'éthique judéo-chrétienne.
Zenit - Quelle est l'ampleur du phénomène ?
Marguerite A. Peeters - Incommensurable. Depuis la conférence de Pékin de 1995, lorsque ce concept est devenu l'objet d'un prétendu consensus mondial, le gender s'est intégré au cœur des politiques internationales, régionales, nationales et locales, des instruments juridiques (comme le Protocole de Maputo en Afrique), des manuels scolaires, des codes éthiques des entreprises, des ONGs de développement, des Objectifs pour le Développement du Millénaire (ODM) censés être atteints d'ici 2015. Il s'est imposé comme priorité transversale de la coopération internationale. D'ores et déjà, le gender a pénétré dans nos sociétés par tous ses pores. Nous sommes maintenant en pleine phase d'application. Les agents de transformation exercent sur les pays en voie de développement une pression maximale. Dans de nombreux pays, notamment africains, des ministères du genre ont déjà remplacés les ministères de la famille : même s'il semble s'agir d'abord de promouvoir le développement social de la femme, la porte est désormais ouverte dans les pays en voie de développement à une déconstruction anthropologique opérée par des ingénieurs sociaux radicaux venant d'ailleurs. Le gender avance masqué.

Zenit - Pourquoi dites-vous que le mot « idéologie » ne convient pas ?
Marguerite A. Peeters -
Parce qu'il évoque des systèmes de penser se rattachant à la modernité occidentale dont on a dit avec raison en 1989 qu'ils étaient finis en tant que systèmes, c'est-à-dire dans leur dimension intégrée, intellectuellement cohérente, clairement identifiable, totalisante, se rattachant à des « maîtres » à l'origine de « grandes théories » ayant donné naissance à des écoles de pensée : pensons au marxisme-léninisme, au nihilisme, au structuralisme, au kantisme, au positivisme, au modernisme, au nominalisme, à l'existentialisme athée et même, je dirais, au féminisme. Ces idéologies se sont déconstruites d'elles-mêmes les unes après les autres et le processus de déconstruction qu'elles ont enclenché ne charrie maintenant que des résidus. En Occident, depuis mai 68, le passage à la postmodernité s'est accéléré sans qu'on s'en rende compte ; on a basculé du rationalisme moderne à l'irrationnel postmoderne. En tant que processus ambivalent, diffus, insaisissable, sournois, opérant de l'intérieur des institutions et des cultures, difficile à identifier clairement, humainement incohérent, le gender appartient pleinement à la postmodernité occidentale. Les résidus du féminisme sont l à, mais le gender va encore plus loin dans la voie du radicalisme : il « célèbre » culturellement la diversité des choix de comportements sexuels au nom d'une égalité de pouvoir de tous les citoyens.

Zenit - Tout est-il négatif dans ce concept ?
Marguerite A. Peeters - Comme tous les concepts postmodernes, le gender opère une double déconstruction : d'une part celle du dessein de Dieu, et d'autre part celle des abus de la modernité. Le gender tente de répondre aux désordres réels du machisme, de l'autoritarisme, du cléricalisme, du paternalisme, de la domination de l'homme sur la femme qui est une conséquence du péché originel, comme nous le révèle le récit de la Genèse. Parlant à la femme après la chute, Yahvé dit : « Ta convoitise te poussera vers ton mari et lui dominera sur toi. » (Gen. 3, 16) Le gender répond à la domination masculine, non par l'amour et la réconciliation, mais par une révolte et une prise de pouvoir de la femme (empowerment) qui cherche à devenir l'égale de l'homme en termes de pouvoir social. Plaisir, pouvoir, possession de « connaissance » : ces tentations ont été les grands thèmes de la révolution féministe et sexuelle occidentale qui s'est mondialisée dans les années 1990 ; à travers le gender, elles sont même devenues une norme de la coopération internationale actuelle. Depuis la Genèse, on n'invente rien.

Zenit - Que déconstruit le gender ?
Marguerite A. Peeters - La structure anthropologique de l'homme et de la femme telle qu'elle a été créée par Dieu, qui est Père, Fils et Saint-Esprit. Autrement dit, le dessein d'amour trinitaire de Dieu sur l'homme et la femme. Le combat dans lequel nous sommes concerne l'homme lui-même, son origine divine et sa prédestination trinitaire. La mort de l'homme n'est-elle pas une conséquence de la « mort de Dieu » proclamée par Feuerbach et Nietzsche ? Nous sommes tous faits pour être père ou mère, fils ou fille, époux ou épouse, frère ou soeur. Or en niant la complémentarité anthropologique homme-femme, en voulant faire de tous des citoyens radicalement « égaux », en s'attaquant à la maternité comme une injustice sociale, en réduisant l'homme et la femme à leur fonction sociale, en en faisant des « partenaires » liés entre eux par un « contrat », on crée une culture qui empêche la réalisation de notre vocation humaine universelle.

Zenit - Un signe des temps, d'après vous ?
Marguerite A. Peeters -
Oui, la « fin des idéologies » ne signifie pas pour autant la fin du processus antéchristique dont Saint Jean parlait déjà dans sa première épître (2, 18) : « déjà maintenant beaucoup d'antéchrists sont survenus ; à quoi nous reconnaissons que la dernière heure est là ». Nous savons qu'avant le retour du Christ, comme nous l'annonce Saint Paul dans la seconde lettre aux Thessaloniciens (2, 3-4), « doit venir l'apostasie et se révéler l'Homme impie, l'Etre perdu, l'Adversaire, celui qui s'élève au-dessus de tout ce qui porte le nom de Dieu ou reçoit un culte, allant jusqu'à s'asseoir en personne dans le sanctuaire de Dieu, se produisant lui-même comme Dieu ». Du début à la fin de l'histoire, nous sommes dans un combat apocalyptique. Nous pensons aussi à la question du Christ : « Quand le Fils de l'Homme reviendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? » L'aspect le plus préoccupant de la révolution culturelle mondiale et de l'ingénierie sociale qu'elle opère à une vitesse foudroyante est son lien direct avec l'apostasie. Nous avons constaté en Occident que la révolution culturelle n'a pas été sans conséquences pour la foi. C'est ce que nous rappelait, en novembre dernier, le Patriarche œcuménique Bartholomé : « La philosophie des Lumières en Occident et la révolution française ont déclenché une véritable révolution culturelle visant a remplacer la tradition précédemment chrétienne du monde occidental par une nouvelle conception de l'homme et de la société qui n'est pas chrétienne. »

Zenit - Quelle attitude les chrétiens doivent-ils avoir face à la révolution culturelle ?
Marguerite A. Peeters -
Le premier service que l'Eglise ait rendre à l'humanité est d'être et de rester elle-même. Les chrétiens ne sont-ils pas appelés, pour emprunter à nouveau les mots du Patriarche, « à revenir à la plénitude, la jeunesse et la pureté de la tradition chrétienne de l'Eglise primitive » ? L'Eglise ne peut se compromettre avec des paradigmes, des programmes, des « valeurs », une éthique venant d'ailleurs. Or, souvent par ignorance, beaucoup de chrétiens se laissent séduire par la nouvelle éthique, ce qui les entraîne parfois jusqu'à l'infidélité au Magistère.

Zenit - Vous avez adressé votre livre « La mondialisation de la révolution culturelle occidentale : concepts-clefs, mécanismes opérationnels » prioritairement aux africains. Pourquoi ?
Marguerite A. Peeters - L'Occident doit faire son mea culpa et mesurer sa part de responsabilité dans le processus de déconstruction culturelle mondiale actuellement en cours. Le gender est un produit occidental qui est maintenant imposé à l'Afrique comme condition d'aide au développement. Or le gender menace les dons que Dieu lui-même a faits à l'âme africaine ; le sens de la paternité humaine et divine et d'une fraternité qui est filiale et non purement horizontale, la grâce de l'esprit d'enfance, la célébration de la maternité et de la vie.